Photo © Karine Maussière
«
Hyperborée - Col Pers 3009m, 2015 »
L'horizon
me lie au monde et à autrui en un bleu qui se mire…
Cette
série présente des paysages qui n’existent pas.
Ici
le paysage n’existe que dans l’image créée par le polyptyque.
Ce
sont des paysages composés, dans un souci de « recréation
esthétique du monde ».
«
J’écris
comme on marche – à l’aveuglette, même en plein jour / Comme
on va devant soi, sans songer même à marcher »
André Du Bouchet, Carnets.
Marcher,
marcher pour s’imprégner du paysage. Et l'horizon à perte de
vue. Ligne subliminale, au calme intangible, parfois limite
enveloppante, parfois abîme vertigineux. « Tout horizon est
fabuleux », écrit Michel Collot car derrière l'horizon le
monde continue…
Karine
Maussière photographie l’horizon en marchant. La photographie
opère une réduction du monde en même temps qu’elle l’amplifie,
elle déplace le sujet vers un ailleurs. La marche, quant à elle,
invite au découpage, le rythme créant des intervalles entre les
images. Ces écarts, espaces blancs, entre, sont un temps suspendu,
une fraction du déplacement.
Les
images prises à différents endroits, sont ensuite assemblées /
associées / raccordées entre elles et recomposent un paysage. Je
fabule ainsi, un paysage. Peut-être est-ce une façon de « s'offrir
une échappée, se permettre un peu de vibrato ». (cf
François Jullien).
Du
triptyque au polyptyque... Étirer, étendre, le paysage, révéler
sa graphie et faire apparaître des lignes discontinues. Proposer un
polyptyque c’est offrir le reflet d’un déplacement, un geste
comme un déploiement linéaire de sa composition. C’est
« augmenter le temps et proposer plusieurs points de vues. »
L’utilisation
du Polaroid accentue l’impermanence du sujet en conférant aux
images une existence et une présence évanescente. Tout en
interrogeant la dialectique apparition / disparition de l’image,
les imperfections du procédé renforcent cette idée et
révèlent une œuvre graphique.
Née en 1971, diplômée des Beaux Arts de Marseille, Karine Maussière se consacre à la photographie de paysage et de friches urbaines, ces espaces concrets qui hébergent l’imaginaire.
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